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19 juin 2010 6 19 /06 /juin /2010 18:27

vue-signe-pendre ~GTN1801Une réflexion s'impose sur le phénomène de la fermeture de nombreux bistrots en France. Que se passe-t-il donc? Pourquoi autant de rideaux qui se baissent pour ne plus se relever? Comment cela est-il perçu par les habitués du lieu? Quel monde est-on nous en train de façonner? ...

Ce qui est certain c'est que nous sommes, chaque jour un peu plus, confrontés à une sorte de dissolution des formes de communications primaires, qui permettaient la rencontre, un moment de convivialité partagé,  une brèche dans le drame de l'isolement... Cette  soupape de sécurité, que sont  en soi les  bistrots, est nécessaire  à la vie des quartiers qui reconstituent quelque peu une forme de village au coeur des cités.( Le problème se pose également dans le monde rural semble-t-il.) L'homme en a besoin. Il n'est pas qu'un "animal de labour" dont on n'attend rait que la force de travail dans le cadre rigide d'une estimation d'un rendement attendu. Il est avant tout un être sociable qui a besoin de nouer des liens, éphémères (comme au comptoir d'un bar) ou plus profonds (...). Le priver de ces espaces de vie et de rencontres le mettent en situation de grand danger au niveau de son équilibre psychique. Or le psyché ne pouvant être séparé du soma (le corps), ce danger s'étend donc à sa santé d'une manière plus générale...

Nous sommes donc vraiment devant une problématique  grave. Ce qui peut sembler attristant, c'est le peu d'importance que le monde politique, théoriquement en charge de la société, donne à ces multiples signes de dégradation des conditions de vie des gens. Il est à redouter que l'étendue  des dégâts , liés à cette destruction progressive des réseaux de solidarité qui donnent visage humain aux   foules,  aura,  dans un avenir  proche , des conséquences importantes et irréversibles..

Une réflexion  s'impose...

Voyons ensemble ce que les enquêtes récentes ont signalé:

"1.      En France, les bars ferment les uns après les autres. Ce phénomène touche aussi bien les villes que les campagnes. On parle de 6 bistrots, en moyenne, qui baissent le rideau, chaque jour, sur l’ensemble du territoire…C’est un patrimoine culturel et social qui s’évanouit ainsi dans les oubliettes de l’histoire et de la mémoire. C’est une maladie qui ronge peu à peu la France, ce pays emblématique où l’on disait un temps qu’il comportait presque un bistrot par habitant ! Et par bistrot, nous entendons  ces petits cafés à la décoration souvent minimaliste mais à l’ambiance chaleureuse…

2.      Avec la mort de ces lieux de rencontre, ce sont des quartiers –la forme urbaine des villages (…)- entiers qui basculent, changent de visage, d’ambiance. Une lente déshumanisation, insidieuse, progressive, s’effectue... « Le comptoir d’un café est le parlement du peuple », disait H.de Balzac. Le bistrot a  son rôle social à jouer ! Il est essentiel pour toutes les couches de la population. Il est ce lieu où l’on se croise sans s’investir vraiment, où l’on consomme un verre ou un petit noir, accoudé au comptoir ou assis à une table, s’échangeant ces brèves qui ont une saveur toute particulière (…), où le temps d’un instant on sort de  sa routine et de ses préoccupations personnelles, pour aller à la rencontre de l’autre avec légèreté,  pour refaire le monde ou simplement commenter l’actualité. Et si ces petites conversations de bistrot n’avaient pas l’audace de se placer au rang des grands débats métaphysiques ou philosophiques, elles étaient le véhicule de tous ces petits riens qui font nos quotidiens. Un bistrot qui ferme c’est la disparition d’un lieu de vie et de convivialité. Car le bistrot est un microcosme, un petit univers en soi. Une sorte de pont trans-générationnel, transculturel, qui réunit les milieux les plus différents, pour un moment de vivre ensemble.

3.      Les villes dévorent les bistrots, les engloutissent, les digèrent. Elles l’ont fait avec les gens, nivelant les spécificités socioculturelles de chacun au profit de l’ensemble. Soucieuses de rentabilité, elles sont en train de devenir des zones dont l’identité est dictée non plus par la convergence des différences mais par de sombres calculs qui transforment l’homme en une simple machine à produire, toujours plus, toujours plus vite… Les villes prennent le train du Management. Elles sont, sur le modèle des entreprises, devenues des machines à rentabiliser la rentabilité. Elles s’équipent, aménagent et réaménagent inlassablement en zappant, sans en avoir l’air, ce qui les rendaient humaines, vivables. Les grands projets se succèdent. On se donne l’impression de  faire avancer les choses, au détriment, le plus souvent, de ce qui faisait le charmes de nos agglomérations, ces petits riens qui nous faisaient aimer nos quartiers, qui nous restituaient un peu de nos cultures, qui nous gardaient un place, un repère, dans le mouvement…(…). Rentabiliser l’espace…Rentabiliser la rentabilité…une fuite en avant qui échappe à toute logique, sinon celle de la fameuse rentabilité. Est-ce devenu une fin en soi ? Jusqu’où ira l’hécatombe de nos espaces de liberté et de rêve ? L’homme est-il devenu le sujet de cette machine infernale qui broie tout au nom du rendement ? La question est posée. Et que l’on ne nous dise pas que l’on fait dans l’écologique ou dans le durable. L’utilisation de ces termes à la mode ne sert qu’à couvrir une vision nouvelle de l’habitat des hommes, celle qui le déclasse au rang d’esclave d’uns système qu’il a certes contribué à mettre en place mais qui, peu à peu, l’a absorbé, dominé, mis en esclavage, au nom du progrès et de la modernité. (…)

4.      Certes, les modes de vie changent. Les gens d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. Les impératifs de la survie impriment leurs lois sur les modes d’existence. Plus de temps est passé à se déplacer de son domicile à son lieu de travail, ce petit sésame qui se fait capricieux : on  perd un travail plus vite qu’on en trouve un. Le consumérisme effréné modifie également les priorités : il prend de plus en plus le pas sur la convivialité et tout ce qui la rend possible, sur ces espaces de vie où elle peut s’exprimer, sur sa nécessaire existence au sein de nos sociétés en perte de repères. Aujourd’hui, on tue plus volontiers le temps en faisant  les boutiques qu’en allant à la rencontre de nos congénères. C’est l’ère du posséder pour se prouver que l’on est. Aujourd’hui, on en veut pour son argent. On est devenu d’autant plus difficile que nos existences se sont compliquées… »

 

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